---8/03 > 8/04--- EXPO PIERRE, PAPIER, CISEAUX
"Je ne vous jette pas le papier, Papier, mais vous si vous croisez ciseaux, vous n'allez pas y couper." Et pendant ce temps, Monsieur Ducobu soulève l'entonnoir qu'il a sur la tête pour saluer Sint-Pieter qui passait par là.
MISTER MOF SOUFFLE :
"hey Duco',
voici une expo de colle (ha-ahahaha) en vue !!!!
bien à vous.
Rm Ofm"
Petit cinéma fixe en 24 images (1989-2005)
Au-delà d'une facilité pour les handicapés du dessin ou de la peinture (quoiqu'une paire de ciseaux vaut bien un crayon ou un pinceau), le collage est une formidable façon de lire les images, de les comprendre, de leur donner une nouvelle vie quand cela en vaut la peine. Mais aussi d'apprendre l'art avec quelques ustensiles et matériaux: des ciseaux (facultatifs, certains déchirent, d'autres cliquent), de la colle (choisir la bonne est tout un apprentissage), des papiers (les collecter, les classer, y penser peut devenir un vrai travail de documentaliste), sans oublier une indispensable table (de préférence de cuisine, la plus attachante voire la plus collante). Car le collagiste, à moins qu'il ne travaille les grands formats (ce qui est rare vu que les matériaux n'excèdent souvent pas le format d'un périodique) n'a pas besoin d'un atelier, l'œuvre d'une vie pouvant tenir dans la valise de ce grand voyageur inerte.
Ce qui est intéressant dans le collage, c'est d'y être, je veux dire: dedans. Au beau milieu de la Grand Place de Bruxelles lorsque le ciel s'obscurcit des moules de Marcel Broodthaers, d'une arène lorsque le toréador fait une passe de cape avec un bestiau conceptuel de Marcel Duchamp, d'une rue de Lisbonne lorsqu'un tramway rencontre une autre ferraille de Max Ernst. On peut tout faire dire à des images: un torturé de Francis Bacon peut parler le langage de Mondrian, un notable de Van Eyck se travestir de dessous féminins, un soldat au glaive géant percer les nuages de la fatalité. Car coller, c'est jouer avec les choses, les gens, les temps, les mêler, faire croire que est la magie du collage, ce petit cinéma fixe, que ce soit composé avec de jolies couleurs est important mais annexe en ce qui nous occupe. La vie pratique I et II (2000-2001) faisait se rencontrer le petit monde prosaïque d'un magasin de bricolage et l'univers poétique des peintures de Magritte, Les viandes (2001) saignaient des prospectus des grandes surfaces sur celles plus illustres de l'Histoire de l'Art, Les monstres du Professeur Mackse (2003) revisitaient Ernst grâce à un faux savant fou mais vrai plagiaire.
Bien sûr il y a Magritte, toujours, l'incontournable, non en tant que référence pour un collagiste mais grand magasin inépuisable d'objets utilisables, perpétuelle leçon de choses, lexique d'images idéal(es). S'en servir afin de créer d'autres Magritte, d'autres mondes, de poursuivre l'œuvre avec les moyens (physiques et mentaux) du bord (Le Musée d'une nuit, 1998), en essayant de l'épuiser jusqu'à l'écoeurement en des variations sans fin (Liquider Magritte, 2005) peut devenir un travail à part entière. Ces dernières années, j'ai croisé les textes et les illustrations avec Thierry Tillier en une correspondance active (Journaux croisés, 2002), fait des tentatives de collages sans ciseaux, à mains nues, avec Abstractions faites (2003), dialectique de scènes de guerre et abstractions froides, et Les monstres déchirants (2004), chromos de classiques de l'art grignotés par les grimaces des vedettes des magazines. Aujourd'hui j'ai un peu éventé mes trucs, usé mes ficelles, épuisé mon stock d'images, mais il en reste des tonnes à exploiter, celles qui encombrent les salles d'attente des dentistes, obstruent nos boîtes aux lettres réelles ou virtuelles. Celles qui seront condamnées au pilon des éditeurs ou à errer dans l'espace internautique si vous n'y prenez garde, perdues à jamais dans l'indifférence ou l'indigestion de nos temps découpés. Et impossibles à recoller depuis que les cubistes en ont ouvert la salutaire mais périlleuse voie.
François Liénard, décembre 2005.
"Pierre, papier, ciseaux" -exposition collective-
Galerie de Prêt d'Oeuvres d'Art (GPOA) - Le Château Malou (45, chée de Stockel 1200 Bruxelles 02/7626209)
09/03-08/04 2006: jeudis, vendredis (9h30-12h30 et 13h30-17h30), samedis (9h30-17h00). Vernissage le 8 mars à 18h00.
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