---1/02 et après--- MARIVAUX AVEC FRANCE
Indice 3
FRANCE LA DIVINE JOUE ET NOUS INFORME
(un spectacle vu et hautement approuvé - c'est très drôle - par la voisine de Monsieur Ducobu)
LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD
AU THEATRE 140 PUIS AU THEATRE MOLIERE
"Au 140, il reste surtout des places pour le 1er février (c'est le jour où je joue) puis on part en tournée et on revient au Théâtre Molière les 20, 21, 23, 24 et 25 mars (je joue le lundi 20, mardi 21 et vendredi 24). Réservation pour Bxl: 022230764. "
Un article de La Libre Belgique :
Scènes - CRITIQUE
Le triomphe du jeu sur le hasard
Laurence Bertels
Mis en ligne le 21/10/2005
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Marivaux s'invite au Molière pour «Le Jeu de l'amour et du hasard». Danse, cravate et vive interprétation subliment le marivaudage.
D.R.
Côté cour et jardin, Musset et Marivaux se partagent avec Molière le trio de tête des spectacles les plus montés. D'où l'inévitable réaction: «Le Jeu de l'amour et du hasard? Déjà vu!» Vu, sans doute, mais avec quelle distribution, dans quelle mise en scène, sous quelle métaphore, traduction ou interprétation? Souvent découverte dans le cadre scolaire - les jeunes étaient d'ailleurs aussi nombreux qu'enthousiastes à la première de l'Infini Théâtre au Molière, mardi dernier - cette comédie en prose qui fait triompher l'amour de la raison ou de la pression sociale retrouve chaque fois, en si belle langue, sa pertinence, sa drôlerie et sa modernité. Marivaux y allie à merveille le comique à l'italienne des valets à l'émotion délicate des maîtres grâce à une fine exploitation psychologique du quiproquo qui a donné lieu au célèbre marivaudage, terme dont la connotation péjorative n'a heureusement fait que passer.
Défi relevé
En deux mots comme en trois actes, Sylvia doit épouser Dorante mais se méfie du mariage et surtout des apparences. N'a- t-elle pas croisé une amie au teint plombé avec des yeux qui venaient de pleurer alors que, fourbe et tout sourire, son mari lui avait ouvert grand la porte?
Dorante est assurément bien mis mais la beauté ne suffit pas à rassurer l'indépendante Sylvia alors que sa suivante, Lisette, si elle se marie un jour, ferait de ce superflu son nécessaire. Pour s'unir à Dorante en connaissance de cause, Sylvia veut emprunter le tablier de sa soubrette et la travestir en dame respectable, sans savoir que le prétendant suivrait les mêmes détours pour mieux connaître son âme. Et ignorant encore que l'interdit crée l'envie.
Danse et désir
Les promis redoutent d'entrer dans la danse, si présente dans l'actuelle mise en scène de Dominique Serron, mouvante, vivifiante et allégorique qui par son intelligence ragaillardit les plus engourdis et fait aimer Marivaux aux nouvelles générations. La metteure en scène relève le défi avec élégance et danse, cette métaphore du désir qui, selon ses intentions, s'empare des corps pour les faire rebondir sur les mots. Elle précède et résume parfois même l'action dans une représentation dont on n'aperçoit que la répétition (cf. «La Libre» du 12 octobre). Apollinienne quand elle est sociale, dionysiaque quand elle entre dans le non-dit du fantasme sexuel, pinabauschienne quand elle dessine trois pas au son de «Hable con ella», elle est présente sans être oppressante, s'avance et se retire avec parcimonie. Ceci ne sera donc pas tout à fait du théâtre. Les tringles et les coulisses restent apparentes tandis que trois coups de blush transforment les personnages débarqués en jean ou col cravate.
Ecrite en 1730, la comédie de Marivaux fut jouée par des Italiens alors plus alertes que les Français car rompus aux techniques de la commedia dell'arte. L'adaptation de l'Infini Théâtre semble renouer avec la tradition puisqu'avec douze comédiens pour six rôles, elle propose pas moins de 64 possibilités de distribution, privant de tout confort les acteurs confrontés chaque jour à d'autres partenaires, les motivant ainsi à donner plus encore le meilleur d'eux-mêmes. Piquante et convaincante, celle du 18 octobre laissait une très belle place à Sylvia campée par une dynamisante France Bastoen, excellente sous ses airs d' executive woman teintée de noblesse, multipliant les registres et donnant autant de force que d'actualité à un personnage revisité. Partenaire juste et profond, Patrick Brüll incarne, avec une belle maturité théâtrale, un Dorante dont on comprend qu'il force l'admiration, tandis que Lisette, pétillante Joëlle Franco, et Arlequin, touchant Fabrizio Rongione - bien connu depuis qu'il incarna Bonaparte dans l'armée de Robert Hossein ou le complice de Rosetta - donnent aisément le change. Certes, seul le hasard permettra de retomber sur la même combinaison mais cela ne fait-il pas partie du jeu, qu'il soit d'amour ou non?
www.infinitheatre.be
Egalement à Namur du 9 au 18 mars 2006.
© La Libre Belgique 2005
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